La presse est le baromètre de la démocratie dans un pays. En ce sens, l’accès équitable des citoyens aux canaux de communications utilisés par les décideurs politiques et/ou du monde associatif demeure fondamental dans le sens de l’ouverture de l’espace civique. Lequel espace, s’il est véritablement ouvert, constitue un puissant levier permettant à chaque citoyen de faire entendre sa voie. Entre censure, l’autocensure et la confiscation des médias publiques par l’autorité publique, la marche semble encore plus haute pour le Tchad.
Entendre les doléances sinon plaintes de la population tchadienne dans les médias publics vis-à-vis des politiques publiques mises en place relève d’un rêve irréalisable. Ceci, pour plusieurs raisons. Hors, ces médias devraient être une croie de transmission des décisions et politiques de développement initiées par le gouvernement et en même temps celui d’un retour pour que le gouvernement évalue le niveau, d’acceptation de celles-ci et recueillir les besoins et attentes du peuple.
Dans de nombreux cas, l’autorité publique confisque les médias publics, les confondant aux médias d’Etat, au profit de sa seule politique. De cette confiscation ou confusion des missions des médias publiques, naît la censure de toutes les voix discordantes. Cela relève de la fermeture de l’espace civique. Entretemps, le libre accès aux médias, public ou privé, fait partie des éléments de l’ouverture de l’espace civique qui renvoie aux conditions juridiques et politiques nécessaire aux uns et autres pour exercer leurs droits citoyens.
Le deuxième élément d’un accès quasi-impossible des citoyens aux médias publics est l’autocensure. Dans la plupart des cas, des journalistes, payés avec la contribution des citoyens, s’interdisent au nom d’un principe non conventionnel, de porter la voie de cette population. Du coup, ils versent dans le culte de personnalité en éludant les problèmes de société et les besoins légitimes des populations.
Après ces analyses, la question sur l’ouverture de l’espace civique, surtout en ce qui concerne l’accès aux médias publics, est posée à un praticien de droit et sa réponse est sans équivoque. Maitre Daye Bangam Jean-Claude soutien que sur le « plan des textes, tout est clair et beau au Tchad », mais dans la pratique le compte n’y est pas. Pour lui, au-delà du fait que l’accès aux médias publics est difficile pour les citoyens lambda, ces derniers utilisent l’astuce selon lequel ils sont astreints à diffuser des messages promoteurs du vivre ensemble, de la paix et de la cohésion sociale. Mais, poursuit-il, en faisant de la sorte, « la liberté d’expression est entravée ; car dire ce que l’on pense ne devrait pas être conditionné par la qualité juridique du média ».
Hervé Djimrabeye




















